Annalena Lynn Strauss

LIBRE / INCARNED / RÉSERVÉ

AGE : 29 ans ; SEXE : féminin ;  NATIONALITÉ : allemande ; CARACTÈRE: douce, réservée, timide, dépressive,  belle, fluette, polie, tenace, craintivePOUVOIRS : en affinité avec l'élément terre. Elle a un vrai talent quant à sa maîtrise mais, ne l'exploite pas. ;

La famine. Ses joues sont creuses, son estomac douloureux. Il n’a pas compris suffisamment vite la situation. Les pillards s’étaient emparés de la plupart des denrées le jour même de la chute. Lui, avait passé plusieurs semaines à chercher ce qui était définitivement perdu. Il utilise le peu de force qu’il lui reste pour déblayer l’accès à un petit magasin de quartier. Effondré sur lui-même des suites du tremblement, l’accès paraissait condamné. Devant ce garde-manger scellé personne n’avait encore eu le courage de tenter une percée. Une aubaine pour lui. Mourant, maigre, il se faufile plus facilement qu’il ne l’avait imaginé dans les fissures. Son feu est inutile. Dans cette crevasse, il ne ferait que noircir le béton et l’enfumer. Du peu d’agilité dont il est doté, il pose un premier pied sur les dalles cassées de l’épicerie. A genou, ses épaules, son dos se soulèvent à mesure que sa bouche grande ouverte happe l’air avec avidité. Il tousse, ou plutôt, il crache. L’air est à peine suffisant ici. Il jette un premier regard dans la pénombre. Il discerne vaguement les contours des étagères, mesure mal la profondeur de la pièce. Ses doigts brûlés tâtonnent les environs. Déjà, il voit mieux. Soudain, un bruit le fait sursauter. Loin d’abord, il se rapproche rapidement. Trop rapidement. Il fait claquer ses doigts. Un bref instant, une gerbe de flamme éclaircit les lieux. Deux grands yeux ronds, particulièrement clairs, le font trébucher.

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Elle est toujours là. Derrière lui, sur ses pas, le regard absent. Elle traine son corps comme un fardeau. Le soir, quand il s’arrête, elle se pose non loin de lui. Elle le fixe avec des yeux ronds lorsqu’il allume un feu dans les décombres, quand il fait griller ses boites de conserve. La nuit, il l’entend sangloter. Il se tourne, se retourne, rouspète. Elle arrête puis, reprend. Agacée par sa faiblesse, il la rabroue sans cesse. Pourtant, elle demeure attachée à ses pieds. Une nuit, ils sont rejoints par un dieu. Il a appris à les reconnaître. Ses yeux vifs, ce corps élancé, en bonne santé, ça ne trompe personne. Surtout pas lui. Il se redresse de sa couchette improvisée. Les muscles tendus, il attaque le premier. Ses paumes deviennent rouges. Des premières cloques apparaissent. Il tire plusieurs fois avant de toucher sa cible. Ses assauts sont imprécis, maladroit. Tantôt les flammes s’élèvent à plusieurs mètres du sol, tantôt elles s’éteignent aussi facilement qu’un briquet. Un coup dans les côtes le plie en deux. Il s’écroule. A terre, il est perdu. Il en est sûr : c’est la fin. Jamais sa vengeance ne sera assouvie. Il rage. Brusquement, la terre se soulève. Telle une bouche, elle avale le Dieu. Dans son linceul boueux, il suffoque, meurt. Il comprend rapidement. En un battement de cils, il décide de faire d’elle, son arme.

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Presque avec enchantement, elle a accepté la situation. Son rustre protecteur l’oblige à utiliser ses dons jusqu’à épuisement. Harassée, elle s’applique pourtant à la tâche. « Tu es douée » : les mots les plus agréables à entendre de sa bouche. La nuit, elle se glisse dans son dos. Il ne dit rien, surtout pas qu’il aime ça, qu’il aime la sentir respirer, qu’il aime sa compagnie, qu’il l’aime.

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